On connaît tous Facebook, Twitter, Instagram ou encore Google+. La plupart des réseaux sociaux sont originaires des États-Unis et ont aisément réussi à s’exporter en Europe et notamment en France. Mais il est un pays où ces réseaux ne sont pas rois : la Chine.
Les chinois ont tout simplement développé leurs propres services et profitent eux aussi des réseaux sociaux. Petit tour d’horizon des médias sociaux en Chine et de leurs équivalents de l’autre côté du Pacifique. Et on commence par les grands noms du Web en Chine !
Baidu VS Google
Avant d’attaquer réellement la présentation des réseaux sociaux chinois, il faut s’arrêter un moment sur le moteur de recherche Baidu. Créé en 2000, ce moteur de recherche n’est autre que l’équivalent direct de Google. Et il profite de la même importance en Chine que son homologue américain par chez nous. Il propose ainsi les mêmes fonctionnalités de recherche et la société a des ambitions comparables à celles de Google.
En plus du moteur de recherche, on retrouve Baidu Tieba, un moteur de forum qui permet donc aux utilisateurs de créer leur propre forum. Pour les marques, Baidu Tieba est un lieu à investir pour le référencement puisque le moteur de recherche Baidu redirige 27% de son trafic vers ses propres sites Web. À titre de comparaison, c’est comme faire une recherche Google et trouver des résultats issus de Google+ ou Youtube.
Pour pousser la comparaison avec Google, Baidu développe son propre service de cartographie en ligne, baptisé sobrement Baidu Maps. Et puisque Google possède Android, le moteur de recherche s’est lancé dans le développement de son propre système d’exploitation mobile, baptisé Baidu Yi. Celui-ci reprend l’architecture d’Android (système open source) mais remplace bien évidemment tous les services Google par ses propres services.
Enfin, Baidu Baike est un autre service proposé par Baidu. Il s’agît d’une encyclopédie en ligne mise en place par le moteur de recherche. C’est un peu comme si Wikipédia appartenait à Google.
Avec ses nombreux services, Baidu est donc largement comparable à Google et la société continue d’investir chaque année dans de nouvelles innovations pour améliorer ses services et, bien sûr, en proposer de nouveaux.
Récemment, Baidu a investi dans la société DigiOne qui s’est spécialisée dans la distribution de téléphones mobiles. Le but étant pour Baidu d’accélérer la mise en place et l’adoption de son système d’exploitation mobile.
QQ : le phénomène culturel
Le premier réseau qui nous intéresse ici n’est autre que QQ, un service de messagerie instantanée développé par la société Tencent Holdings Limited. Ce service de messagerie est ce qui se rapproche le plus de feu MSN Messenger, le logiciel de Microsoft. Tencent QQ est rapidement devenu un symbole fort puisqu’il fait partie intégrante de la culture chinoise. Mais contrairement à MSN Messenger, QQ est toujours actif.
Lancé officiellement en 1999, QQ connaît le succès rapidement. Tencent en profite alors pour développer d’autres services : des jeux, des salons de discussion, un espace de stockage en ligne et même un service de rencontres en ligne ! L’ensemble de ses services a participé au succès de QQ, qui comptait, fin 2012, pas moins de 798,2 comptes actifs. C’est donc la deuxième plus grosse communauté en ligne derrière Facebook qui, lui, compte 1,23 milliards de comptes actifs par mois !
Tencent a bien compris que QQ faisait partie intégrante de la culture chinoise. La société a donc diversifié son service en intégrant différents add-ons mais surtout en rendant son service disponible sur les plateformes Linux, iOS et Android. Des clients alternatifs permettaient alors aux utilisateurs d’accéder au service sous Mac OS. Désormais, QQ dispose aussi d’une version en ligne, disponible depuis n’importe quel navigateur Web.
Enfin, QQ c’est aussi des produits dérivés ! Comme le service est devenu un phénomène populaire, Tencent en a profité pour implanter différentes boutiques nommées « Q-Gen », en écho à une « génération QQ ». Dans ces boutiques, les utilisateurs peuvent alors retrouver de nombreux produits dérivés du service : des sacs, des jouets, des montres et des habits. Le plus souvent, ces produits sont à l’effigie du manchot, la mascotte de QQ.
Renren (Xiaonei) : The Social Network
En décembre 2005, un réseau social à destination des étudiants fait son apparition en Chine sous le nom de Xiaonei Network. Littéralement, son nom signifie « réseau de campus ». Alors forcément, la comparaison avec Facebook est facile à faire.
Xiaonei est d’ailleurs surnommé « le Facebook chinois » par les étudiants en Chine. Ce n’est qu’en 2009 que Xiaonei change de nom et adopte celui de Renren, qui signifie littéralement « tout le monde ». Renren Network se veut donc être un réseau ouvert à tous et accessible à tous. Pour ce qui est des fonctionnalités, elles sont identiques à celles proposées par Facebook. Mais Renren se différencie quand même sur certains points.
- Renren intègre un système de points et de niveaux qui instaure une certaine compétition sur le réseau. Concrètement, plus l’utilisateur se connecte sur le réseau, poste des statuts, reçoit des commentaires et des réponses à ses messages, plus il gagne de points.
- Ces points lui permettent ainsi d’atteindre certains niveaux comme dans les jeux vidéo pour débloquer des privilèges. L’utilisateur peut alors, selon son niveau, disposer de thèmes pour personnaliser l’interface du site, d’émoticônes et même du droit de consulter le profil d’un autre utilisateur sans qu’ils ne se connaissent.
- Aussi, à l’instar des crédits Facebook (qui ont maintenant disparu), Renren dispose aussi de sa propre monnaie virtuelle, baptisée Renrendou, pour effectuer des achats sur le site ou dans ses diverses applications et jeux.
Enfin, Renren dispose d’une autre spécificité puisque le réseau collabore avec les chercheurs et les universités afin de mener des recherches sur le comportement des utilisateurs de Renren. Les résultats sont ensuite publiés par les Universités et servent aux étudiants comme à l’entreprise elle-même.
La Chine et le microbloging
En 2006, Twitter fait son apparition dans le monde et devient très rapidement l’un des grands noms du Web en utilisant le principe du miccroblogging. Alors forcément, un tel succès attire les envieux ! Et en Chine, les sites de miccroblogging ont été nombreux à copier Twitter avec, dès 2007, le site Fanpiwan. D’autres ont suivi comme Zuosha ou encore Tencent Weibo. Mais le plus connu et le plus utilisé actuellement se nomme Sina Weibo.
En chinois, « weibo » signifie « microblogging ». Il faut donc ajouter le nom de l’entreprise pour pouvoir différencier chaque site de microblogging. Mais Sina Weibo est devenu tellement populaire qu’aujourd’hui les chinois l’appellent plus simplement Weibo. Son interface ressemble beaucoup à celle de Facebook mais le contenu et les fonctionnalités restent identiques à Twitter. Le site de la compagnie Sina Corporation a été lancé en août 2009. Aujourd’hui, il comptabilise 500 millions d’inscrits mais « seulement » 141 millions d’utilisateurs actifs chaque mois, contre 241 millions pour Twitter. En avril dernier, Sina Weibo a même fait son entrée en bourse !
La rapidité avec laquelle les informations s’échangent sur ce réseau à su séduire les internautes. Ces derniers peuvent échanger rapidement sur les sujets d’actualité, la politique ou encore l’économie. Pourtant, Weibo reste contraint par les règles de censure imposées par la Chine. Le réseau social est donc tenu pour responsable des millions de messages qui s’échangent chaque jour sur via son site.
Mais aujourd’hui, le réseau peut se vanter d’être aussi célèbre que Twitter. Porsche avait même décidé de l’intégrer dans l’opération digitale 24SocialRace qui faisait cohabiter Twitter et Weibo le temps des 24 Heures du Mans 2014 !
Finalement, par son histoire, la Chine est un pays très communautaire qui a développé ses propres codes et ses propres pratiques des outils du numérique. Il n’est donc pas étonnant de voir que le pays préfère développer ses propres outils et donc préfère développer des réseaux sociaux véritablement adaptés aux pratiques des chinois plutôt qu’utiliser des réseaux étrangers.